Élevage et alimentation :
un lien ancestral et instinctif.
Nous sommes à Noci, dans la Vallée D’Itria, où l’UNESCO a reconnu l’art de la construction des murs en pierre sèche, qui autrefois marquaient la limite entre les champs, comme un site du patrimoine mondial. C’est ici que notre ami Saverio, aidé par son fermier de confiance, élève des cochons du Castagnolo, qui paissent librement sur la terre rouge entre les chênes, avec un maximum de 12 têtes par hectare. Ces cochons sont nourris chaque jour avec des céréales issues de l’agriculture biologique et moulues uniquement dans le moulin familial Siciliani. Des ingrédients protéiques tels que le soja, enrichis en vitamines et châtaignes, un fruit qui en contient en très grande quantité, sont ajoutés au maïs, au blé et à l’orge. La terre aride, les arbustes flétris et justement les murs en pierre sèche de la vallée d’Itria sont le cadre de cette qualité simple qui ne subit aucune modification génétique ni utilise d’accélérateurs de croissance.
Abattage
la matière commence à prendre forme…
Lorsque le cochon atteint un poids moyen de 200 kg, il est emmené à l’abattoir de Palo del Colle, à quelques kilomètres du lieu d’élevage.
Les cuisses brutes sont transportées en Émilie dans un atelier artisanal où les maîtres charcutiers transforment habilement la pièce, appelée « quartino », pour en obtenir la coupe fuselée typique de l’Apennin tosco-émilien.
Le salage
le mélange utilisé est préparé suivant une recette ancienne, qui diffère dans le dosage de ses quelques simples ingrédients…
Ail haché, poivre noir en grain, vin de raisins de Sorbara aop, tous strictement bio, sont les ingrédients que nous ajoutons au sel marin pour préparer notre assaisonnement, appelé « concia ». Avec ce dernier, les grandes cuisses du jambon Castagnolo sont recouvertes de « sel saturé » et soigneusement massées pendant une période d’environ 21 jours.
Graissage
une chaîne de mains habiles.
La ferme Mesini, située dans la forêt de Zocca, nous fournit la farine de châtaigne certifiée biologique, que nous utilisons pour préparer notre assaisonnement. Le mélange est préparé par un artisan de Parme, M. Fontana, qui, avec ses 30 ans d’expérience, prépare un mélange parfaitement équilibré de saindoux et farine de châtaigne. Les mains chaudes des maîtres charcutiers Stefano et Loris accomplissent lentement et avec dextérité le rituel de graissage, en recouvrant la cuisse de saindoux, la préparant ainsi pour la longue période d’affinage final…
Affinage
la technique métamorphique
Le processus d’affinage a lieu dans une salle dédiée, séparée du reste des ateliers de fabrication standard, plus précisément dans la cave de l’atelier qui donne sur la rivière Leo, dans les Vallées du Cimone. Ici, le produit mûrit lentement pendant au moins quatre saisons, en respirant l’air extérieur, filtré et distribué naturellement à l’intérieur de la cave par l’unité de traitement conçue par notre ami Stefano Remedi. Aucun cycle d’aération forcée n’est utilisé ; on préfère suivre la succession naturelle des mois ; l’affinage ne suit pas la logique de fabrication commerciale mais se poursuit jusqu’à atteindre l’équilibre microclimatique parfait que les puristes ont la patience d’attendre.
Le produit mûrit sur un lit de feuilles de châtaignier bien séchées provenant de la châtaigneraie familiale ; une fois analysées, elles sont étalées sur le sol et, d’en bas, elles observent la transformation du produit. Ces feuilles, récoltées en automne et laissées sécher à l’air libre, libèrent une odeur tannique lorsqu’elles sont placées dans un environnement saturé qui développe leur arôme.
L’affinage varie en fonction du poids et de la forme de la cuisse : le produit se perfectionne sur une période allant d’un minimum de 20 mois à un maximum de 30. …Seul un gardien, qui aujourd’hui répond au nom de Matteo, est désigné pour entrer et garantir la biosécurité de cet environnement ! Seul un vitrage permet aux autres de découvrir ce petit écosystème en équilibre entre air, terre et lumière.